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Soirée Fief

C’est comme pour les soirées de l’ambassadeur, pas de soirée Fief sans… un bon hypocras !

L’hypocras, qui tient son nom d’Hippocrate, père de la médecine, réconforte et assure une bonne digestion… dixit la faculté.

 On peut le servir blanc à l’apéro, rouge à la fin de la soirée. À la fin du repas, avant de prendre congé on servait au Moyen Âge les « boute-hors » : dragées, coriandre, gingembre, orange, cédrats confits accompagnés d’hypocras rouge.

Recette de l’hypocras:

1 litre de vin (blanc ou rouge)
1 cuillère à café de cannelle en poudre
20 gr de gingembre frais (1 morceau de 4 cm)
1 clou de girofle
100 gr de sucre.

Broyer le gingembre au mixeur.
Écraser le clou de girofle.
Mélanger les épices avec le sucre et la cannelle dans un récipient qui ne soit pas en métal.
Bien remuer pour dissoudre le sucre.
Laisser macérer deux heures, puis filtrer dans une passoire garnie d’un tissu de coton fin.

Sources : « Souper mortel aux étuves », un roman noir et gastronomique à Paris au Moyen Âge de Michèle Barrière, éditions du « Livre de poche ».

Esclarmonde, damoiselle des Murmures

Il était une fois une jeune fille de 15 ans, fille du seigneur des Murmures, fief de la région de Besançon qui devait se marier au fougueux seigneur Lothaire de Montfaucon. Le jour de ses noces, sans prévenir, devant l’archevêque en train d’officier… elle se coupe l’oreille… signifiant ainsi le refus de cet époux imposé par son père. Elle aurait pu se couper le nez… mais ça, c’est vraiment très laid ! Elle annonce à toute l’assistance médusée qu’elle fait le vœu d’épouser le Christ et de vivre désormais dans une pièce minuscule sans jamais en sortir… elle choisit de se faire emmurer vivante… elle sera une recluse.

Un petit trou dans le mur de sa cellule attenante à la chapelle du château lui permettra de suivre la messe. Une fenestrelle munie de barreaux lui permet de communiquer et de recevoir sa nourriture.

Considérée par la gens de la région comme une sainte, elle reçoit de nombreuses visites. Paradoxe, par ses conseils, sans bouger de cette cellule exiguë, elle dirige le monde.

Miracle, quelques mois après son enfermement elle donne naissance à un petit garçon : Elzéar. Elle a alors 17 ans, le temps de construire la cellule et une chapelle dédiée à sainte Agnès. Elle confie le nourrisson à son père. Le lendemain on lui rapporte le bébé les mains ensanglantées…

Que s’est-il passé ?

Je ne vous en dirai pas plus. Cette histoire je viens de la dévorer dans un livre sorti cet été qui s’intitule : « Du domaine des Murmures ».  J’ai beaucoup aimé ce récit qui débute en 1187. Si comme moi vous aimez cette époque du Moyen Age, je vous conseille vivement cet ouvrage, très agréable à lire, dans un style très fluide, très léger. L’auteure est Carole Martinez, ce roman est paru chez Gallimard.

 « Je suis celle qui s’est volontairement clôturée pour tenter d’exister. Je suis la vierge des Murmures. A toi qui peut entendre, je veux parler la première, dire mon siècle, dire mes rêves, dire l’espoir des emmurées ».